Henri le Cormoran – Une œuvre d’art qui symbolise le plastique dans l’estomac des animaux

La pollution de nos cours d’eau par des déchets plastiques est un fait connu de tous mais quelles sont les conséquences pour les animaux ? Pour illustrer ce problème, nous avons commandé une œuvre d’art que nous avons installée fin novembre 2022 sur le quai du canal de Bruxelles. Dans cette vidéo, nous montrons comment la structure a été assemblée sur place.

Dans nos cours d’eau et nos océans, on trouve énormément de plastique de toutes tailles, allant d’emballages entiers aux microplastiques. Chaque année, des millions de tonnes de plastique finissent dans l’océan. L’impact sur la vie aquatique est énorme : des tortues, dauphins, baleines se blessent ou s’emmêlent, des oiseaux et d’ autres animaux confondent le plastique avec de la nourriture. Mais il ne faut même pas aller aussi loin pour trouver une situation similaire. Le canal de Bruxelles forme aussi un habitat pour de nombreux animaux, dont les cormorans. On les voit souvent survoler le canal qui est leur source de nourriture. Ils plongent dans l’eau pour pêcher du poisson et sont susceptibles d’avaler toutes sortes de plastique, sans compter celui déjà ingurgité par leurs proies.

L’œuvre d’art représente donc un cormoran qui fait sécher ses ailes après avoir plongé dans le canal. Son ventre contient une poubelle dans laquelle les passants peuvent jeter leurs déchets. La symbolique est forte: le plastique se retrouve dans l’estomac des animaux à cause de la pollution de nos cours d’eau, tout comme il se retrouve dans le ventre d’Henri – jeté par les passants. Ce plastique ingurgité a des conséquences sur la qualité de vie des animaux et peut même mener à leur mort. Et ce n’est pas tout car ce plastique atterrit aussi dans nos assiettes si l’on mange du poisson ou des fruits de mer.

Henri est en partie constitué de matériaux de récupération. Si tu le regardes bien dans les yeux, tu verras que ceux-ci sont en fait des roues de skateboard. L’artiste qui lui a donné vie se nomme LGH Henry (Instagram: lgh_artist). C’est en son honneur que nous avons baptisé l’œuvre. Il réalise toutes ses œuvres avec des matériaux de récupération tels que des vieux meubles en bois et toute autre chose qu’il trouve et qui l’inspire. Il vit dans un petit village en Wallonie où coule une rivière et où l’on peut régulièrement voir des cormorans. La première fois que nous l’avons appelé, il a immédiatement répondu qu’il avait justement un cormoran empaillé chez lui et que cela faisait longtemps qu’il voulait en faire son modèle pour une œuvre – nous avions trouvé l’artiste idéal.

Depuis plusieurs années, les gens qui participent à nos sorties kayaks pêchent des déchets en plastiques du canal. Et depuis le début, c’est notre intention de transformer ces déchets pour renforcer la sensibilisation à la pollution plastique. Mais il fallait d’abord trouver une idée, un partenaire, tester la faisabilité. Aujourd’hui, c’est chose faite ! Nous avons recyclé des déchets plastiques du canal pour former les plumes colorées d’Henri le Cormoran. Le plastique est recyclé par la petite entreprise Plastic Factory, récemment montée par Mathilde. Elle était très enthousiaste de pouvoir mettre à profit son expertise pour ce projet de sensibilisation.

Nous espérons que l’œuvre inspirera beaucoup de passants et contribuera à la mise en place d’une société plus circulaire et moins productrice de déchets. Nous devons déconstruire la normalité d’aujourd’hui: il n’est pas normal que les rayons des supermarchés soient encore remplis d’emballages à usage unique, il n’est pas normal que nous soyons submergés, chaque jour et via toutes sortes de média, de publicité pour des produits suremballés, et il n’est pas normal que l’industrie continue de se battre contre des mesures environnementales plus strictes comme le système de consigne sur les cannettes et bouteilles en plastique.

L’œuvre d’art a été financée par la Vlaamse Gemeenschapscommissie (VGC), la Ville de Bruxelles et le Fonds voor Natuur bij ons (WWF). Elle a été inaugurée en grandes pompes le vendredi 25 novembre en présence de l’échevin bruxellois Arnaud Pinxteren, de l’échevine molenbeekoise Gloria Garcia Fernandez, de la parlementaire bruxelloise Lotte Stoops, et de représentants de la VGC, de Bral, de Bruxelles Environnement, du Musée des Égouts, du Port de Bruxelles, de BPC Group, de Molembike, de Saintklet, de Coordination Senne, et de l’équipe de Canal It Up. Tout le monde a pu fixer sa propre plume aux ailes de Henri. L’artiste n’a malheureusement pas pu être présent mais nous avons eu l’honneur de la présence d’un autre artiste, architecte et visionnaire, avec qui nous avons collaboré pour plusieurs projets : Luc Schuiten. Il est venu dans le fameux tricycle de son invention avec lequel il réduit à néant les émissions de ses déplacements à Bruxelles. Ce tricycle peut accueillir deux personnes qui pédalent pour le faire avancer, avec l’aide d’une batterie électrique. Regarde ci-dessous les photos de l’inauguration.