Le Commissaire européen Sinkevičius a pêché des déchets hors du canal lors de la Journée mondiale du nettoyage

C’est sous une grande attention médiatique que le Commissaire européen à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche, Virginjus Sinkevičius, s’est joint à nous pour participer à la collecte des déchets dans le canal lors de la Journée mondiale du nettoyage. Traditionnellement c’est une journée lors de laquelle les déchets sont nettoyés dans l’espace public, le long des voies navigables et sur les plages à travers le monde. Cela met principalement l’accent sur les citoyens qui ramassent les déchets mais peu sur la manière dont ces déchets sont en réalité introduits dans le monde, et qui les produit ?

Nous avons souhaité cette année, comme nous le faisons tout au long de l’année, mettre en avant un message différent, et nous y sommes parvenus.

A 10 heures pile, le Commissaire était présent avec son fils de 7 ans et entouré de collègues de la Commission. Comme à chaque fois, nous avons débuté la sortie par une explication sur les problèmes que nous essayons de résoudre et les solutions que nous proposons. Une barrière anti-déchets, des plinthes le long du canal, la consigne sur les canettes et les bouteilles en plastique, l’obligation pour les supermarchés et les producteurs d’utiliser davantage d’emballages réutilisables au lieu d’emballages à usage unique, la vente en vrac, la réinvention des emballages avec un objectif zéro plastique et la réduction annuelle de la production de plastique. Mais aussi l’arrêt des déversements d’égouts car ils représentent chaque fois une source de microplastiques pour les cours d’eau. Lors des opérations de nettoyage comme la Journée mondiale du nettoyage, des gros déchets sont ramassés, mais les microplastiques sont eux impossibles à éliminer, une fois dans la nature ils y restent.

Il n’est jamais trop tard pour nettoyer, les déchets qui finissent dans la nature devront tôt ou tard être ramassés, mais chaque opération de nettoyage organisée devrait aller au-delà de cela. D’où viennent tous ces déchets ? Qui produit tous ces emballages ? Pourquoi d’ailleurs finissent-ils dans la nature ? Le recyclage nous sortira-t-il de cette crise du plastique ? Il y a-t-il des solutions pour nous faire progresser ? Ce que nous constatons aujourd’hui, c’est que les organisations environnementales consacrent beaucoup de temps et d’efforts à des mesures environnementales plus strictes, telles que la consigne, la promotion d’emballages réutilisables, la vente sans emballage, tandis que les supermarchés et les fabricants font exactement le contraire. Depuis des décennies, ils luttent contre la mise en place de la consigne, font du lobbying au niveau européen contre des quotas plus élevés d’emballages réutilisables, et nous ne voyons presque aucun produit sans emballage dans les grandes surfaces, bien que cela soit possible pour de nombreux produits, comme on peut le constater dans les magasins bio locaux. En plus, la société est inondée de publicités pour des boissons et d’autres produits en emballages jetables, cet été il était impossible de les ignorer. Comment pouvons-nous changer le cours des choses lorsque nous ne voyons que des emballages jetables dans les rues et les supermarchés, et que l’on nous répète sans cesse que nous sommes champions du recyclage ? Comment pouvons-nous alors passer à un modèle de consommation circulaire ?

Une législation ambitieuse qui oblige l’industrie à prendre ces mesures est nécessaire ! Car l’industrie ne le fera jamais d’elle-même, le système qu’elle a mis en place fonctionne trop bien et est bien trop lucratif. Mais nous avons besoin bel et bien besoin d’un autre système, le système actuel détruit la nature. Les chaînes de transport et de production doivent être harmonisées à l’échelle mondiale pour permettre la réutilisation. Lorsque vous achetez un téléphone portable en Europe et que vous vous rendez en Asie, vous pouvez également l’utiliser là-bas, la même coordination internationale doit être mise en place pour les emballages réutilisables. Nous espérons donc une révision importante de la directive européenne sur les emballages et les déchets d’emballages. Aux niveaux européen et national, les gouvernements doivent mettre en œuvre la transition, il y a une meilleure solution que le tout-jetable. Le Commissaire était en tout cas d’accord avec cela, il souhaite également voir apparaître une législation ambitieuse pour fermer ce robinet inépuisable de déchets.

Les opérations de nettoyage sont également organisées par l’industrie, et pas seulement lors de la Journée mondiale du nettoyage. Lors de ces actions, les citoyens sont appelés à ramasser autant de déchets que possible, sans qu’il ne soit question de la responsabilité de l’industrie. C’est comme ça que vicieusement la responsabilité est totalement attribuée aux consommateurs, qui sont censés arrêter de jeter des déchets dans la nature, tandis que l’industrie continue à produire du plastique à un rythme de plus en plus rapide. Après une opération de nettoyage, nous pouvons tous rentrer chez nous avec le sentiment du devoir accompli, mais le lendemain, il est probable que nous retrouvions autant de déchets au même endroit. Tant que nous ne changerons pas le système, nous pourrons nettoyer à l’infini.