Parc Beco – le premier parc sans tabac de Bruxelles ?

Au cœur de Bruxelles, un nouveau parc de 600m de long est en cours d’aménagement – le Parc Beco. Beaucoup d’enfants et d’adultes y trouveront le plaisir de jouer, faire du sport, se promener ou se reposer. Comme il s’agit d’un tout nouveau parc, c’est aussi l’occasion rêvée d’explorer de nouveaux horizons et d’en faire un parc sans tabac. Le système d’évacuation de l’eau du parc est directement relié au canal et nous éviterions ainsi qu’il ne deviennent un chemin tout tracé pour les mégots.

Sur les 18 milliard de cigarettes vendues chaque jour, 12 milliard sont jetées dans l’environnement après consommation – deux-tiers ! Les fumeurs s’entêtent donc à jeter leurs mégots par terre. On pourrait dire qu’il s’agit là de la dernière forme tolérée de déchets sauvages. À travers le monde, les mégots sont d’ailleurs l’objet le plus souvent jeté dans l’environnement et beaucoup ignorent encore que les filtres sont faits de plastique. Un petit mégot peut à lui seul polluer jusqu’à 500 litres d’eau, on vous laisse imaginer l’impact de 12 milliard d’entre eux. Des études ont montré que les substances qui s’échappent de ces mégots, telles que la nicotine, l’arsenic et les métaux lourds, sont particulièrement néfastes pour la vie aquatique.

La connexion directe de l’évacuation d’eau vers le canal est une bonne chose car l’eau de pluie n’a pas sa place dans les égouts. Si l’eau de pluie était prise en charge autrement que par les égouts, ceux-ci ne déborderaient pas dans les cours d’eau de la ville et le plus gros facteur de pollution serait ainsi écarté. L’idéal est bien sûr d’aider les fumeurs à arrêter de fumer, plus d’atteintes à la santé et plus de pollution de l’environnement. Mais avant d’y arriver nous devons donc tenter de prévenir la pollution qui en découle. Une belle option est de s’assurer que personne ne fume dans le parc. De cette manière, nous évitons que les mégots ne terminent leur course dans le canal, emportés par l’eau ou le vent. Une fois dans le canal, il est en effet impossible de les récupérer et ils finissent dans la mer où ils continuent de polluer l’environnement pendant 10 ans, à moins que les animaux aquatiques ne les confondent avec de la nourriture et les ingurgitent. Nous polluons les océans que nous utilisons pourtant comme source de nourriture – nous mangeons donc nos propres déchets et substances toxiques. 

Soyons francs, l’idée d’un parc sans tabac n’est pas si extrême. Certains trouveront sans doute qu’il s’agit d’une solution drastique mais ils en existent déjà ailleurs – à Paris depuis 2019, à Strasbourg ou à Malines. En Nouvelle-Zélande, ils vont jusqu’à interdire la vente de cigarettes à vie pour les jeunes qui ont aujourd’hui 14 ans ou moins. En Australie, la cigarette électronique n’est plus possible que sur prescription du médecin et sans goûts et couleurs.

Les dommages pour la santé – pas seulement des fumeurs mais également des gens autour – ne sont plus à prouver. Grâce à interdiction ciblée dans certains endroits, les enfants seront moins en contact avec ce mauvais exemple et commenceront eux-mêmes moins vite à fumer. Dans le Parc Beco, beaucoup d’enfants viendront jouer dans le bac à sable, sur les balançoires ou sur la pelouse. N’est-il pas normal de s’assurer que personne ne fume autour d’eux ? Tout le monde ne préfère-t-il pas éviter que son enfant ne trouve dans le sable un mégot à suçoter ?

En 2020, Pieter et Cécile de Canal It Up ont essayé de lancer le débat autour des parcs sans tabac en installant incognito des panneaux d’interdiction de fumer sur toutes les grilles d’entrée du Parc de Bruxelles. Les gens se sont demandés qui avait posé ces panneaux, la presse a parlé de l’action et ainsi, le débat était lancé. La Ville de Bruxelles les a invité à venir expliquer leur action et leur idée aux échevins concernés. Ils ont été agréablement surpris par l’attitude prudemment positive de ces derniers. Malheureusement, rien de concret n’a été mis en place depuis et, trois en plus tard, Bruxelles ne compte toujours pas de parc sans tabac. Quelle occasion manquée, surtout que la ville doit engager des dépenses importantes chaque année pour le ramassage des mégots dans ses parcs.

La cigarette tue, coûte une fortune en frais de santé, les filtres en plastique et les substances nocives contribuent à la pollution environnementale désastreuse à laquelle nous faisons face aujourd’hui. Jeter son mégot par terre doit devenir inacceptable et les enfants doivent être protégés des conséquences néfastes de la cigarette. Les parcs sans tabac sont un premier pas dans la bonne direction.